Voici un ouvrage qui va faire référence
La mort de l’Etat providence. Vive les assurances sociales
D’Arnaud Robinet et de Jacques Bichot
Les ouvrages qui font date sur la protection sociale ne sont fréquents.
C’est la raison pour laquelle il faut d’autant plus féliciter Arnaud Robinet et Jacques Bichot. Leur dernier livre aide à penser les évolutions possibles du modèle de protection sociale français.
Ces deux-là connaissent d’autant particulièrement la question. C’est normal, ils pratiquent ces sujets complexes depuis de nombreuses années.
Le cœur de leur raisonnement, c’est qu’avec le temps, on a perdu de vue la logique des régimes obligatoires : en déconnectant les droits des devoirs, la mécanique de l’Etat providence a échappé à tout contrôle financier.
Les prestations sont largement prodiguées comme s’il s’agissait de droits universels : chacun y aurait accès du seul fait qu’il est citoyen français, ou même parce qu’il vit en France. Or ces services sont financés par des prélèvements obligatoires sans contrepartie, qu’il s’agisse de cotisations sociales, d’impôts ou de CSG.
Travaux de l’IPS
Cette approche des deux auteurs est très pertinente. Elle rejoint d’ailleurs les travaux de l’IPS sur l’absence de retour sur investissement des cotisations sociales versées par les actifs. (faire un lien avec le Communiqué de presse sur les cotisations du 17 06 2013). C’est le centre d’une réforme pérenne que de dissocier ce qui relève des assurances sociales et de la redistribution
Un des passages les plus originaux est la suggestion de créer une Caisse Nationale Investissement Jeunesse. En effet, mettre la priorité sur les jeunes, dont la situation économique et sociale est si difficile aujourd’hui, est un impératif. Il y va autant de la pérennité morale que politique de notre système de Sécurité sociale.
En revanche, le passage sur le régime unique par points est moins convaincant. S’il faut à l’évidence réduire les écarts entre régimes publics et privés, un régime unique relève au final d’une vision assez collectiviste de la retraite. Les auteurs ne doivent pas oublier que la logique de la retraite des TNS – un socle minimal laissant plus de marge de manœuvre à titre individuel – pourrait servir de modèle, du moins pour cette part importante des actifs.
En tout cas, cet ouvrage est une pierre importante au débat.
Comme l’écrit à juste titre Xavier Bertrand dans son introduction :
Retrouver le sens de la Sécurité Sociale passera forcément par une réforme profonde de notre système. Je sais plus que quiconque que le temps n’est plus aux ajustements.
Arnaud Robinet : Député de la Marne, Secrétaire national de l’UMP en charge des retraites, il siège à la commission des Affaires sociales de l’Assemblée Nationale depuis 2008. Jacques Bichot : Economiste, professeur émérite à l’université Lyon 3, |